Ce royaume himalayen grand comme la Suisse abrite une culture unique au monde, et d’étonnants paysages de haute montagne adoucis par les tropiques. Les lodges intimistes de la collection AMAN guident de vallée en vallée ce périple hors du commun à travers le joyau de l’Asie.
Sur les traces du takin à Thimphu
Une brume mystique flotte au dessus de Paro… Atterissage entre deux champs où des paysans en plein travaux lèvent la tête pour saluer l’arrivée de l’avion. Bienvenue au « Pays du Bonheur Brut », minuscule royaume lamaïste du Bhoutan. L’air pur de l’Himalaya enivre aussitôt. Thimphu, la capitale du pays est à une heure de route, le long de laquelle les traditions rurales plongent le visiteur dans un livre d’images. On se pose à 2300 m d’altitude, pour les premières découvertes. Le musée du textile, son centre de tissage et le musée des traditions populaires figurent parmi les plus intéressantes introductions à cette civilisation riche en traditions. Après une petite marche dans une pinède d’altitude, un moine prestigieux accueille les arrivants avec une présentation du pays pleine d’humour. La journée suivante est consacrée à la visite d’un beau monastère et son école d’astrologie, avant de suivre les traces du Takin dans le vaste sanctuaire consacré à ce mammifère sauvage qui constitue l’emblème du pays.
Vers la forteresse de Punakha
La route traverse des paysages incroyablement paisibles. Les maisons aux allures de chalets suisses ornent les montagnes, enluminées de figures mythiques et de surprenants phallus, symboles de fertilité. Les villageois s’affairent dans les champs, coupent et battent les épis de riz à la main. Aucun panneau publicitaire, aucune ligne haute tension ne contredisent cette vision de moyen-âge digne d’un tableau de Brueghel. On atteint le premier bijou du voyage : Punakha, dont les majestueux temples sacrés dominent la rivière. Sous ses toitures dorées se croisent moines et hauts fonctionnaires fièrement chaussés de bottes brodées. Après le barbecue au bord de la rivière, dressé comme pour un élégant safari, la piste conduit au milieu des champs vers une ancienne demeure de chasse royale, aujourd’hui le plus petit des lodges du séjour avec ses huit chambres. On y retrouve l’exacte réplique de sa chambre à Paro, immense et toute de bois vêtu comme un luxueux chalet – une manière de voyager qui permet de retrouver avec délices ses marques à chaque étape. Le temps de s’essayer au tir à l’arc, le sport national, et la route reprend vers l’est du pays.
Gangtey, vallée enchantée
Au petit matin, le paysage fait défiler forêts de bambous et de chênes, en trois heures de route jusqu’à la vallée de Probjikha, sanctuaire où les grues à tête noire viennent par centaines passer l’hiver. L’arrivée est magique, dans cette vaste plaine bleutée dominée par un monastère du XVIe siècle. On se promène à pied dans le village de Gangtey où le temps semble s’être arrêté. A la nuit, le festin traditionnel préparé dans une petite ferme met à l’honneur les piments au fromage, le bœuf grillé et une salade de concombre qui rappelle le tzatziki. La montagne ouvre ses sentiers de randonnée sous un ciel immense qu’on arpente à petits pas pour s’acclimater aux 2900 mètres d’altitude, jusqu’aux forêts de rhododendrons qui tapissent les collines.
Bumthang, vers les territoires secrets de l’est
Le voyage se poursuit sous les flocons, entre hameaux de chalets, pins tissés de lichens et yacks contemplatifs gardés par de farouches nomades. On fait hâte au col de Yotong La, balayé de vents glacés, où les 3400 m d’altitude ouvrent sur la vallée du Bumthang. Les neiges disparaissent, et l’œil découvre des vallées enchanteresses, sculptées de cultures en terrasses, des champs d’orge ou de pommiers qui ourlent les pinèdes. Posé au bord de la rivière Chamkhar, le palais où naquit le premier roi du Bhoutan expose ses belles façades à pans de bois peintes. Non loin, un lieu étonnant à ne pas manquer : la brasserie Red Panda et sa fromagerie suisse, fondée par un artisan helvétique en 1960. Une dernière journée permet d’explorer la vallée Tang, et ses pâturages lointains, hors des sentiers battus où les visiteurs étrangers restent rares.
A Paro, l’ascension du Tiger’s Nest
Le voyage de 12 jours touche presque à sa fin, il faut embarquer pour le vol retour vers Paro. C’est un bonheur de retrouver cette capitale à taille humaine, de visiter ses monuments les plus marquants. Le dernier jour, l’ascension jusqu’au solitaire Tiger’s Nest de Taktsang ajoute au voyage une touche finale de beauté. Sous un ciel cristallin, on accède au sanctuaire accroché à la falaise après trois heures de marche (ou deux heures à dos de mule) à travers la forêt. Là, à près de 3 000 mètres d’altitude, les pèlerins entonnent leurs prières portées vers le ciel du Bhoutan par la même ferveur joyeuse. On se mêle à la foule dans l’enfilade de temples vertigineux, avec la sensation d’être le témoin privilégié d’une civilisation unique et attachante.