De la Havane aux eaux turquoise de Trinidad, le meilleur de la culture cubaine à travers un périple jalonné de rencontres inspirantes et d’adresses confidentielles.
La Havane avec style
C’est confortablement installé dans une décapotable américaine qu’on déguste les premiers délices de la Havane. On arrive vite sur le Malecon, où l’Océan étincelant frange l’avenue la plus célèbre du pays. Architectures art Nouveau et néoclassique plantent un décor au charme délicieusement suranné, dont profitent les nombreux passants, amoureux et pêcheurs en tête. La balade dans la capitale cubaine se poursuit en remontant l’histoire depuis sa fondation au XVIe siècle. Au fort El Morro qui défend l’entrée de la baie, on revit la saga des pirates qui pimentèrent la saga de la ville tout en admirant la vue panoramique sur la mer et le petit village de Cojimar. Plus tard et à pied, on franchit le fleuve Almendares pour se perdre dans l’enchanteresse forêt de la Havane ; sept cents hectares en plein cœur de la ville y rassemblent des arbres parmi les plus anciens du pays. L’après-midi se consacre à la découverte du quartier historique, où la rue Calle Obispo et la place des Armes racontent le passé colonial et ses magnificences, préludes à la dégustation d’un cocktail. Puis on se pose pour deux nuits au Paseo 206 Boutique Hotel, belle demeure rococo au chic contemporain très cosy avec son mobilier italien rétro et ses patios luxuriants – une oasis de calme et de douceur dans le quartier animé de Vedado.
La vie idéale de Las Terrazas
Dans la fraîcheur matinale, la route mène en deux heures vers la réserve de la Biosphère de la sierra del Rosario, qui abrite Las Terrazas. Bienvenue dans un lieu inclassable et inspirant, paradis communautaire et écologique qui a récolté tous les honneurs : classé Monument National dans la catégorie du Paysage Culturel, Las Terrazas a reçu le Prix national de conservation, d’où son surnom de Shangri-là cubain. Soit un village paisible où les enfants courent après l’école, des champs sans engrais ni pesticides chimiques qui s’étagent sur les collines, une petite activité forestière et un lac bucolique qui dessinent un Eden invitant à embrasser un mode de vie plus simple et convivial. On goûte le privilège de se fondre un instant dans cette ambiance bohème, où les visites sont triées sur le volet pour éviter le sur tourisme. A quelques kilomètres, un déjeuner exquis est servi dans une plantation de canne à sucre, ouvrant une fenêtre passionnante sur la vie des agriculteurs. Le retour vers la Havane est auréolé par le dîner chez des artistes contemporains renommés, intarissables sur les courants créatifs de leur pays. Une dernière journée hédoniste dédiée aux saveurs de Cuba se déclinera autour des secrets de fabrication du rhum, d’un atelier de cuisine cubaine pour un déjeuner mêlant des accords mets-tabac-rhum-café qui met les sens au nirvana, suivi d’un dîner dans un palais et d’une dernière balade sur le Malecon bercé par la brise marine.
Haciendas bucoliques vers Cienfuegos
Les faubourgs de la Havane laissent place aux haciendas ocrées entourées de champs. La culture du sucre de canne sculpte ici le paysage depuis des siècles. Un déjeuner dans une ferme agroécologique offre une pause gourmande et idyllique. Puis de village en village, la route file plein sud jusqu’à la baie de Cienfuegos. Classée au patrimoine Mondial de l’Unesco et surnommée La Perle du Sud, la ville constitue un musée d’architecture à ciel ouvert. Près du port, le quartier historique émerveille par son unité néo-classique, et les beaux détails de ferronnerie ouvragées – on ne se lasse pas non plus d’admirer l’agencement en damier des rues, application remarquable des idées du siècle des Lumières espagnol. Au Palacio de Valle, les styles mauresque et baroque régalent de leur partition virtuose, avant le pianissimo du séjour dans la merveilleuse Casa Buenavista. Cette demeure coloniale, maison d’hôtes de grand charme, est un régal pour les amateurs d’antiquités et d’éclectisme – on y paresse dans le joli patio en discutant avec les propriétaires, le temps d’une pause pleine d’authenticité.
A cheval comme les gauchos
En route vers Trinidad, la valle de los Ingenios invite à découvrir une hacienda historique, devenue un musée passionnant de la canne à sucre et de l’esclavage. La balade à cheval sur les chemins qui sillonnent les champs, deviendra l’un des grands souvenirs du voyage, comme le salut de ces véritables gauchos qu’on voit chevaucher des taureaux – on remonte en selle après un savoureux pique-nique dans un ranch pittoresque. L’arrivée à Trinidad au soleil couchant est magique. Serti de collines verdoyantes, le site est l’un des mieux préservés du pays. Les toits de tuiles piquetés de palmiers cascadent autour de l’église de la Sainte Trinité dans une vision de carte postale. La douceur des rues pavées, longées de maisons colorées ou de belles bâtisse néo-classiques, distille une quintessence d’art de vivre. Plus tard, Trinidad dévoile son âme de noctambule autour de la Casa de la Musica, avant la nuit dans la Casa Boutique Mansion Alameda, splendide demeure coloniale drapée dans de luxuriants jardins.
Trinidad, de la ville au paradis tropical
Quittant Trinidad pour rejoindre la mer, on rejoint vite l’une des plus belles plages des Caraïbes, Playa Ancon. Sable blanc et eaux turquoise ombragées de palmiers, baignades à l’abri des courants et jolies paillottes de plages y campent le décor parfait du paradis tropical. Farniente sur une terrasse et déjeuner les pieds dans l’eau constituent l’agenda de la journée, qui se prolonge dans l’après-midi par des visites d’ateliers d’artistes. Le lendemain matin, on s’arrête à Santa Clara, connue pour ses monuments emblématiques de la révolution. À l’ouest de la ville, la statue de Che Guevara et son mausolée font réviser une autre page de l’histoire du pays, avant l’ultime retour vers La Havane.
Photos Dominique Milherou & Tobias Hauser & Anton Zelenov & Cosa2244 & Dudva & Esteban De Souza