Au Pays du matin calme, une immersion esthétique et culturelle de Séoul à l’île de Jeju, dans la plus originale des destinations d’Asie.
(Photos KTO)
Séoul, capitale high tech à taille humaine
Sur fond de montagnes nappées de forêts, les pagodes de l’ancien Palais royal de Gyeongbok révèlent une beauté graphique intemporelle. On ne peut rêver meilleure introduction à l’histoire de la Corée que ce monument où les visiteurs évoluent revêtus du hanbok, le vêtement traditionnel loué pour l’occasion. Après cette plongée moyenâgeuse dans les trésors de la dynastie Joseun, entrecoupée d’une dégustation de barbecue coréen, le voyageur fait un grand bond dans le XXIe siècle. La visite du Musée d’art moderne et contemporain, dont la silhouette futuriste expose la fine fleur de l’art de l’époque, illustre combien le pays maitrise le grand écart entre traditions et modernité. Le deuxième jour, bucolique, mène sur les collines de Bukcheon, où le village de Hanok abrite depuis six cents ans un labyrinthe de ruelles charmantes aux innombrables toits de tuiles recourbés. Dans ce décor de cinéma, on déniche un salon de thé avec vue sur la skyline de Seoul : la mégapole de dix millions d’habitants garde un charme de province avec ses quartiers de maisons basses. L’exploration culinaire est aussi au programme, et devient vite l’un des grands attraits du voyage. Délices sucrées préludent aux viandes en fondue ou en tartare, aux variations sur le riz comme le kimbab, servies avec raffinement dans des lieux différents de la ville comme en streetfood dans les marchés. Entre deux dégustations, on arpente le très beau musée d’art de Leum, qui rassemble les collections du fondateur de Samsung, ou encore le jardin secret aux 56 000 plantes du Palais Changdeok, avant d’aller se recueillir au temple confucéen de Jongmyo, où l’enfilade de portes laquées rouges immortalise en beauté la dernière journée à Séoul. Il reste à quitter le Four Seasons Hotel, havre de paix et avant-scène de mémorables levers de soleil sur le Palais de Gyeongbok.
(Photos KTO Lee Subin)
Sous le charme méridional de Busan
Cap vers le sud de la péninsule, où la ville de Busan déploie ses charmes balnéaires dans une baie magnifique. La longue plage de sable blond de Haeundae invite à tenter une baignade, avant de rejoindre la presqu’île de Dongbaek. Un sentier côtier en fait joliment le tour, tantôt face à la mer de l’Est, tantôt au milieu de camélias et de pinèdes. Le lendemain, cette grande et belle ville ouvre aussi une page d’histoire dans le village de Gamcheon. Son lacis de ruelles accueillit jadis des réfugiés de la guerre de Corée (1950-53) avant d’être abandonnés ; des artistes engagés dans un travail de mémoire font aujourd’hui revivre ce passé, donnant lieu à des rencontres émouvantes. Plus loin, une autre plage se déroule à Songdo – ici, Busan joue la décontraction méridionale avec sa pêche du jour livrée à la criée du marché, avant la dégustation savoureuse de poissons crus, frits ou servis en sauce piquante au coin d’un comptoir. Le long de la côte dentelée de falaises, la balade mène ensuite jusqu’au l’Oryukdo Skywalk, promontoire vitré vertigineux au-dessus des flots. Face à la mer toujours, c’est à l’hôtel Signiel Busan, sur la plage de Haeundae, que l’on savoure les embruns, depuis la spectaculaire piscine à débordement ou les grandes baies vitrées de la chambre.
(Photos KTO Park Hye-Ran & Kim Jiho)
Gyeongju, capitale d’un royaume mythique
A une heure de route de Busan, après un court voyage entre mer et campagnes, on rejoint Gyeongju. La première capitale du royaume fut établie ici, durant le royaume de Silla, et régna durant mille ans. Aujourd’hui, ses temples et pagodes délicatement entretenus offrent au visiteur une splendeur presque intacte ; tombes et grottes se reflètent dans des lacs, enjambent des ponts comme dans un jardin zen. La promenade paisible mène jusqu’à l’immense statue de Bouddha, véritable trésor de sérénité – la vue panoramique sur la mer du Japon est magique, surtout au lever du soleil. Le déjeuner dans l’ancienne résidence d’une princesse de la dynastie Shilla, dans le restaurant où la famille Choi officie depuis douze générations, complète la magie raffinée de cette expérience hors du temps.
(Photos KTO)
Jeju, la plage à l’ombre du volcan
A une centaine de kilomètres des côtes sud-coréennes, l’avion approche l’île de Jeju. A l’ombre d’un imposant volcan éteint, le Halla, s’étendent les jolies plages de ce Hawaï coréen où s’ébattent les surfeurs. Une pause bien-être commence, avec la visite d’un Jimjilbang, le spa coréen où profiter des bienfaits de pierres chaudes et d’un gommage typique de la région. La détente se poursuit à table, où l’abalone ou le porc noir inspirent un menu fusion unique. La nuit dans les jardins du JW Marriott Jeju Resort & Spa, pavillon suspendu au-dessus de falaises plongeant dans la mer, prépare aux explorations nature du lendemain. On se délecte de la randonnée sur le sentier côtier qui court tout autour de l’île, pour admirer les reliefs spectaculaires sculptés par d’anciennes coulées de lave, avant de grimper en haut du mont Bukhan et savourer l’eau des sources pures. Les plantations de théiers à perte de vue rappellent que Jeju produit d’étonnants thés verts, aux parfums floraux uniques au monde. Ceux d’Ossuloc se dégustent dans un salon de thé réputé pour ses pâtisseries au matcha, rappelant que le Japon tout proche occupa un temps la Corée. Hors des sentiers battus, d’autres expériences mettent le séjour sous le signe de la délicatesse, comme l’atelier de création de céladon en compagnie d’un artisan qui perpétue un savoir-faire ancestral. Avant de quitter le pays du matin calme, une immersion dans la vie d’un temple bouddhiste permet d’approcher les rituels des moines, et une idée bienfaisante de la lenteur. Plus qu’un voyage, une initiation à un art de vivre…