De Rio de Janeiro à Trancoso, les côtes enchantées du Brésil déroulent leur magie entre villages confidentiels et haut-lieux festifs.
Rio, la cité merveilleuse
Lovée autour de sa baie mythique, Rio est d’abord un rêve pour le voyageur qui la survole en arrivant – la bien nommée « Cidade Maravilhosa » poudroie au soleil couchant sur ses montagnes. On aperçoit le Christ Rédempteur, l’une des sept merveilles du Monde et symbole incontournable, face au Corcovado. Pour prendre le pouls de la ville, on prend la direction de la plage glamour d’Ipanéma pour se poser dans un refuge de style, l’Hôtel Fasano. La bâtisse étincelante de bois et de métal abrite une adresse où le designer Philippe Starck rend hommage au design brésilien des années 1950 et 1960 et à la glorieuse époque du bossa nova, courant musical né sur Ipanéma. Un esprit rétro décliné en mille nuances de bruns et de mordorés, des chambres à la piscine sur le rooftop, en font une halte idéale pour découvrir Rio. Une première journée se consacre à explorer le centre historique, pour remonter le temps depuis l’époque coloniale jusqu’à la proclamation de la République. C’est à pied que ce quartier se livre le mieux – on se délecte d’admirer ses églises richement ouvragées et les façades rococo du Palais Impérial où fut proclamée l’abolition de l’esclavage. Le lendemain, on se rend avant les foules au pied des escaliers les plus célèbres du pays – l’Escadaria Salaron, œuvre multicolore de l’artiste Jorge Selaron qui y consacra vingt ans de sa vie. Une belle introduction au quartier bohème de Santa Teresa : un tramway gravit la côte pavée le long de maisons colorées, ourlées de jardins, où règle une langueur toute tropicale qu’animent de nombreux bars. La nature n’est pas loin, et c’est sans doute la meilleure surprise de Rio : il suffit de sauter dans le petit train qui traverse la belle forêt de Tijuca jusqu’au Christ Rédempteur, avant d’explorer le magnifique jardin botanique pour y admirer des arbres Pau-Brasil rouges ou croiser de charmants ouistitis en liberté.
Les délices rétro de Paraty
Quittant la grande ville, on longe la côte vers le sud et ses criques. Une centaine de kilomètres au sud se trouve Paraty l’enchanteresse, ancien village de chercheurs d’or devenu un eldorado pour chercheurs d’art de vivre. Ici, le temps semble avoir fait une pause pour toujours ; le village paresse avec ses maisons coloniales colorées et ses ruelles pavées ouvrant sur une baie bleu émeraude. Eglises baroques magnifiques, restaurants authentiques et distilleries de cachaça où prendre le pouls de la vie locale. Une kyrielle d’îlots ponctue l’horizon, illustrant la richesse naturelle de la région. On ne manquera pas d’explorer le fjord tropical de Saco do Mamangua, encadré de plages secrètes et des montagnes imposantes de la Serra da Bocaina. A pied, on rejoint le joli village perdu de Ponta Negra, qu’aucune route ne relie encore au reste du monde, avant de s’enfoncer dans la forêt, en direction des chutes de Melancia, les plus hautes et les plus isolées de Paraty. C’est à la Casa Turquesa qu’on fait halte pour quelques nuits. En plein cœur du village, cette maison d’hôtes au luxe décontracté offre un vrai chez soi, avec ses neuf chambres déployées autour d’un patio. Entre la piscine et le jardin d’orchidées, le chant des oiseaux et les œuvres d’artistes brésiliens contemporains bercent divinement l’heure de la sieste.
Samba et fiesta à Salvador de Bahia
Un grand saut mène en direction du nord, vers l’impressionnante Baie de Tous les Saints, la plus vaste du monde tropical. L’ambiance monte d’un cran, festive dès l’entrée dans Salvador de Bahia – la musique est partout chez elle, dans les bars comme dans la rue. Mère-patrie de la samba, Salvador offre ses atours au visiteur qui arpente Pelourinho, le centre historique majestueux de la ville qui fut la première capitale du Brésil. Les rues pavées serpentent entre les bars à caïpirinhas en plein air, et les places envahies de musiciens et de danseurs. Parmi les monuments coloniaux, règnent l’église et couvent São Francisco, joyaux baroques flamboyants entre deux processions de demeures roses, vertes et jaune tendre. Assister à une représentation du Balé Folklorico garantit une immersion radicale dans les vibrations intenses faites de capoeira, de danse et de musique. Pour apprécier la vie locale, on flâne aussi au marché de Sao Joaquim avant d’emprunter l’ascenseur Lacerda, monument du XIXe siècle qui mène en quelques secondes de la ville basse à la ville haute – deux mondes aux contrastes saisissants. Le deuxième jour, on s’éloigne un peu de l’effervescence le temps de découvrir Cachoeira, petite merveille coloniale assoupie au bord du Rio Paraguaçu. Pour savourer cette pause bahianaise, un refuge d’exception : l’hôtel Fasano. Au centre de Salvador, on y profite d’une vue magnifique sur la Baie de Tous les Saints, et d’une ambiance raffinée où le classicisme joue délicatement sur les richesses de l’artisanat de la région et les bleus de l’Océan tout proche.
Le paradis à Trancoso
Un petit bout de route mène enfin à Trancoso. Secret chuchoté par les jet setters depuis près d’une décennie, le village sans doute le plus célèbre de la côte brésilienne a étonnamment préservé son aura hippie et bohème. On se pose à l’Uxua Casa Hotel et spa, adresse la plus emblématique de cet art de vivre. Soit de jolies maisons éparpillées dans un grand jardin tropical, tout près du coeur de village – chacun s’y retrouve pour diner al fresco, ou paresser dans des hamacs, en sirotant un drink dans des intérieurs divinement décorés dans un pur style boho chic. Se promener pieds nus ou en tongs, et vivre le plus simplement possible est (pratiquement) la seule mission de ces journées dédiées au bien-être absolu. On succombe d’abord au charme de l’incroyable plage de sable blanc, dont les bancs changeants émergent au gré des marées. Puis quand vient le soir, c’est autour de Quadrada, la place du village, que l’on tombe vraiment amoureux d’une douceur de vivre inégalée – des enfants poussent le ballon, quelques villageois palabrent, des terrasses de café se remplissent de monde et de musique, avec de simples maisons bariolées de chaux bleue ou blanche comme ingrédients d’une alchimie unique. La beauté de la côte et sa magnifique forêt s’explorent en marches tranquilles, à vélo ou en bateau. Et l’on ne manquera surtout pas de s’aventurer jusqu’à Caraiva, petit village caché dans la jungle qu’on rejoint à pied puis en canoë. Un vrai roman du bout du monde qu’on rêverait de ne jamais terminer..