Alors que la mousson a donné ses dernières pluies dans le Rajasthan, les portes de villages authentiques emplis d’innocence et de quiétude, dévoilent leurs secrets. Une traversée dans l’Inde des campagnes, bucolique et apaisante, égrenée de ruines et forts centenaires.
Delhi
Le prélude à l’escapade merveilleuse s’ouvre à l’hôtel Impérial, l’iconique bâtisse Art Déco de New Delhi, propriété de la family business Akoi, qui dans les années 30, accueillait toute l’élite de la gouvernance britannique et indienne, dont le Mahatma Gandhi. Son élégance tranquille et son charme remarquablement préservé, défient le temps. Petite balade matinale en tuk tuk jusqu’à la Porte de l’Inde dans un ensemble de klaxons décomplexés, avant d’emprunter le métro pour Old Delhi. Là, un autre monde défile depuis le rickshaw qui serpente autour des étals de textiles, d’offrandes, et autres fantaisies, sans que le conducteur cycliste ne soit troublé par l’étroitesse des ruelles. Juste avant midi, visite du temple Sikh de Delhi, le Gurudwara Bangla Sahib Temple, abrité sous un large dôme doré. L’animation la plus spectaculaire se situe à la cuisine communautaire où des milliers d’indiens, indépendamment de leur religion, caste ou croyance, se ruent chaque jour, pour partager gratuitement le déjeuner. Les Sikhs prêchent en effet un mode de vie fraternel et généreux. On assiste à la préparation des plateaux-repas végétariens, une mécanique bien rôdée, par une équipe de bénévoles qui se relaient quotidiennement pour nourrir plus de 30 000 estomacs.
La mystérieuse Bhangarth
Le lendemain aux aurores et sous une légère brume, direction l’arrière-pays de Jaipur et plus précisément le village d’Ajabgarh, où s’est établi l’hôtel Amanbagh. Une horde de langurs et de macaques espiègles se dressent de part et d’autre de la clôture qui enserre l’oasis d’inspiration Moghole, ex-campement de chasse du Maharajah d’Alwar. La piscine émeraude et les somptueuses Havelis en grès rose dominent les jardins, alors que l’on aperçoit au loin les larges coupoles enveloppantes des villas. La photogénie des lieux est irrésistible, un entrelacs de dômes, d’allées arborées et de terrasses qui rappellent la grandeur de la dynastie Moghole.
A bord de Jeeps ouvertes très chics, la campagne est éblouissante, dominée par la silhouette robuste du Fort d’Ajabgarh et par d’adorables petits pavillons Rajputs, les Chhatris, piqués çà et là au milieu des champs de millet. La région agricole dispose en effet d’un riche héritage archéologique datant du XVIIième siècle, dont la très graphique ville fantôme de Bhangarh ! Le soir venu, séance de yoga insolite sous la coupole ciselée d’un Chhatri avant un apéritif enchanteur sous un autre vestige éclairé à la bougie, au son inspirant d’une flûte en bambou. Les jours suivants, parmi la vingtaine de villages recensés autour de l’Amanbagh, des tableaux inoubliables rythment les découvertes : sculpteurs sur plâtre, tisserands, artisans bijoutiers, femmes bijoutées en sari de soie portant vaillamment sur la tête de lourdes jarres en terre cuite, écoliers en uniforme rentrant de l’école main dans la main, vieillards humant l’air frais… Une exposition à ciel ouvert.
La réserve de Ranthambore
L’aventure continue à trois heures au Sud d’Ajabgarh, à deux pas de la bourgade de Sawai Madhopur, en pleine réserve du Parc National de Ranthambore. Les tentes immaculées de l’Aman-Ikhas, se dressent au milieu des broussailles, un campement de 10 tentes harmonieuses et contemporaines, monté et démonté à chaque saison dans les moindres détails. Autour d’un havre de végétation, la piscine et ses sofas à même le sol attendent patiemment les hôtes. A l’Aman-Ikhas l’atmosphère est délicieuse et apaisante, les montagnes Aravalli veillent, et pourtant aucune clôture, aucun grillage, nous sommes au cœur de la vie sauvage, dans une jungle non apprivoisée.
A l’aube le lendemain et à bord d’une magnifique Jeep militaire, on accède au Parc de Ranthambore. L’environnement très étendu de montagnes herbeuses, de forêts primaires et de pistes rocailleuses annonce une chevauchée excitante. Les adorables faons, gazelles, daims et autres paons apparaissent ça et là avant le grand moment, l’émotion ultime de la rencontre avec le maitre des lieux, le tigre. Dans une gestuelle enveloppante, il chaloupe de rocher en rocher avant de s’installer délicatement à l’ombre d’un arbre centenaire.
Après le safari, la culture reprend ses droits au majestueux Fort de Ranthambore datant du Xième siècle. Patrimoine mondial de l’Unesco, et construit sur une colline entièrement fortifiée, c’est l’occasion d’une très belle balade avant le retour. A l’intérieur de l’enceinte, 3 temples hindous, une mosquée et surtout la vue plongeante sur les ruines d’un temple Jaïn posé sur un lac. Une carte postale qui n’a pas échappé à l’Aman-Ikhas qui nous réserve une dernière surprise sur les hauteurs de la forteresse. Merveilleux !