Voir ou revoir les palais du Rajasthan ! Voyage d’une vie, l’Inde des maharadjahs reste un enchantement, perpétué par une hôtellerie fastueuse et une richesse culturelle que la mondialisation n’a pas altérée. Un périple à grand spectacle !
Dans le chaos fascinant de New Delhi
L’incontournable New Delhi ouvre la route des Indes. Pour le visiteur qui découvre la ville, ou celui qui y revient, la fascination reste la même. Bruyante et cacophonique, colorée et baroque, la capitale du pays le plus peuplé de la planète bouscule immanquablement le voyageur. L’acclimatation en douceur se fait en posant ses valises à l’hôtel Impérial, oasis de calme et de volupté où perdure le charme délicieux de l’époque coloniale. Comme les écrivains et hommes politiques célèbres qui y ont séjourné, on se délasse dans sa fabuleuse piscine, avant de dîner comme un maharadjah au Spice Route, son restaurant théâtral et romantique. En ville, deux journées donnent rendez-vous aux émotions fortes : au temple sikh de Bangla Sahib, immense cité fervente où l’on circule pieds nus sur des hectares de marbre blanc, on participe à la préparation de repas qui nourriront les milliers de déshérités venus chaque jour y déjeuner. Dans Old Delhi, on se faufile en rickshaw entre les ruelles surpeuplées et les échoppes d’artisans d’un autre âge. Un monument reste inoubliable : le mausolée d’Humayun, en volutes roses et blancs, premier édifice moghol de l’Histoire.
Dans le mythe du Taj Mahal
Au matin, c’est en train qu’on s’achemine vers Agra, où repose le plus célèbre tombeau du monde. Le voyage ferroviaire fait partie de l’expérience, tout comme la traversée de la gare de Delhi et sa cour des miracles qui donne au périple son parfum d’aventure. L’une des sept merveilles du monde moderne, le mausolée du Taj Mahal provoque une émotion inoubliable, lorsque ses dômes nacrés apparaissent soudain à travers la vaste porte qui fait office d’écrin. On ne se lasse pas d’arpenter ses espaces intérieurs, ajourés de moucharabiehs et marquetés de marbres multicolores. L’après midi est consacrée à l’exploration du Fort Rouge, le plus grand du pays. Ce Carcassonne indien déploie ses palais et mosquées admirablement bien conservés, offrant une vue magnifique sur la vallée depuis ses tours de guet et ses murailles de grès rouge. La magie se poursuit à l’hôtel Oberoi Amarvilas. Inspiré des palais moghols, cet établissement somptueux donne le privilège de dîner ou de profiter d’un spa avec vue sur le Taj Mahal dans la douceur du crépuscule et du petit matin.
Vers Jaipur et ses secrets
La route vers le Rajasthan parcourt la campagne et ses villages, multipliant les scènes de vie comme l’Inde en a le secret – vaches et animaux de basse-cour se mêlent aux vélos et scooters sur la chaussée, dans le désordre joyeux d’un autre âge. Le soleil est déjà haut lorsqu’apparaît Fatehpur Sikri. Dans cette vaste cité fortifiée du XVIe siècle devenue une ville au bois dormant, on flâne entre les anciens jardins et palais, à l’écoute des splendeurs d’antan. Peu avant Jaipur, un détour permet de visiter un ouvrage exceptionnel, et l’un des secrets les mieux gardés du pays : le puits en escalier de Chand Baori. Voici mille ans que les habitants de la région accèdent à l’eau en descendant les nombreuses rampes de pierre qui zèbrent les parois, composant comme une pyramide inversée. Arrivés à Jaipur, on s’installe pour deux nuits dans le fleuron de l’hôtellerie indienne, le Taj Rambagh Palace. Rien de plus extravagant que cette ancienne résidence des maharadjahs de Jaipur, aux immenses jardins manucurés, dont les plus belles chambres conservent un faste princier, avec collections d’art ancien, lits à baldaquins et étoffes précieuses.
Douceur de vivre au fort d’Amber
Au petit matin, une visite au fort d’Amber offre un retour dans l’Histoire. Perchée au-dessus d’un lac où des éléphants se baignent, accompagnés de leur cornac, la ville fortifiée fut en effet la première capitale du Rajasthan et abrita dès 1592 la somptueuse résidence d’un général rajpoute. De haut des remparts, la vue embrasse les campagnes et la poussière des faubourgs. La beauté du site reste époustouflante, avec ses salles richement ornées et son spectaculaire escalier à double révolution. De retour à Jaipur, on mesure combien la ville a su prospérer tout en conservant ses traditions. De vastes artères modernes jouxtent les quartiers anciens, où les vaches sacrées déambulent dans les ruelles. L’après-midi, on s’aventure dans les fameux marchés d’artisans, qui concentrent la fine fleur de l’artisanat indien : bijoux et saris au Johari Bazaar, sculptures en marbre chatoyants et superbes objets artisanaux au Chandpole Bazaar. Le lendemain sera consacré à la visite des trésors de Jaipur, monuments de grès couleur pastel qui lui ont valu son surnom de « ville rose » : le City Palace, chef-d’œuvre d’architecture moghole, mais surtout le Palais des Vents. Cette couronne de Vishnou sculptée de centaines de fenêtres reste une merveille absolue, une porte entr’ouverte vers cet âge d’or de l’Inde qui parvient jusqu’à nous.
Vers les rives du lac d’Udaipur
Le voyage se poursuit en variations sur le thème de la beauté. A quelques heures de route, on rejoint les rives du lac Pichola. Précédé de sa réputation de Venise des Indes, le site n’a rien perdu de son romantisme. On pose ses bagages au Taj Lake Palace, sans doute l’hôtel le plus mythique du pays. Ses marbres blancs posés au milieu du lac abritaient une résidence d’été princière, devenue un hôtel au décor extravagant où rien ou presque n’a changé. Plafonds décorés à l’or fin, baldaquins et marqueteries de marbres perpétuent la légende. D’innombrables points de vue sur les rives vaporeuses depuis la chambre ou le restaurant rivalisent avec la beauté des jardins où se niche la splendide piscine et un spa dont on profite avec bonheur. Deux nuits permettent de savourer cette étape exceptionnelle – on gardera aussi un grand souvenir du high tea servi sur une ancienne barge royale.
Jodhpur, dans le désert de Thar
Le périple se clôt à Jodhpur, deuxième ville du Rajasthan. Ceux qui ont oublié à quel point la ville est belle savoureront d’autant mieux la visite au fort Mehrangarh. Depuis les murailles crénelées, la vue sur les maisons bleues, la couleur de Shiva, s’étend jusqu’à l’horizon frangé par l’immensité du Thar. Une visite dresse un autre pont entre le passé et le présent, celle des villages bishnoi, des pionniers de l’écologie qui n’hésitèrent pas à sacrifier leur vie pour empêcher la coupe de leurs arbres. Dans la vieille ville, on savoure les derniers instants indiens, concentrés de vie et de contrastes. On est reçu comme un prince au palais d’Umaid Bhawan, l’une des plus vastes résidences privées au monde. Le maharadjah de Jodhpur occupe toujours ce monument de grès jaune Art Déco au délicieux charme kitsch. Dans les hectares de jardins, le vaste spa aux soins ayurvédiques, et les restaurants gastronomiques, le temps suspend son vol. Une dernière pause de douceur avant de regagner Delhi…
